Opera GX est-il vraiment le navigateur le moins fiable ? On fait le point

Configuration de bureau avec Opera GX affiché à l’écran, dans un setup gamer avec clavier, PC et figurine

On est tombé ce matin sur un article publié sur linternaute.com qui affirme qu’Opera GX serait « le navigateur le moins fiable du marché ». Une déclaration qui, forcément, fait réagir. Le navigateur est très populaire chez les joueurs, notamment grâce à ses fonctionnalités pensées pour le gaming.

Alors, Opera GX est-il vraiment à éviter à tout prix ? Est-ce justifié de le pointer du doigt comme le pire élève ? On a décidé de creuser le sujet. Entre perception de risque, absence d’open source, VPN limité, et collecte de données à l’installation, les critiques existent bel et bien. Mais elles méritent d’être replacées dans leur contexte, surtout quand d’autres navigateurs bien plus populaires ne font pas forcément mieux.

Opera GX, c’est quoi exactement ?

Avant de parler vie privée, sécurité ou collecte de données, petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas bien le navigateur. Opera GX est une version du navigateur Opera pensée pour les gamers. Lancé en 2019, il propose une interface personnalisable très visuelle, des effets sonores, des animations dynamiques… mais surtout des fonctions inédites côté performances.

Parmi les options les plus populaires :

  • Un limiteur de RAM et de CPU, pratique pour éviter que le navigateur ne ralentisse vos jeux.
  • Une intégration native de Twitch et Discord, pour garder un œil sur vos streams et discussions.
  • Un espace « GX Corner », qui centralise les actualités gaming, les bons plans et les jeux gratuits.
  • Un bloqueur de pub et de traqueurs activé par défaut.
  • Et même un VPN gratuit intégré, qu’on évoquera un peu plus bas.

Ce positionnement original lui a permis de trouver son public, notamment chez les joueurs qui utilisent un seul écran ou qui veulent garder un navigateur allégé pendant leurs sessions de jeu. Sa montée en popularité s’explique aussi par une communication bien rodée sur les réseaux sociaux, Twitch ou encore Reddit, où le bouche-à-oreille a largement fait le travail.

Écran de bienvenue d’Opera GX montrant les options de personnalisation avec thèmes, sons et musique de fond

Ce qu’on reproche à Opera GX

Opera GX ne manque pas d’arguments pour séduire les gamers, mais il traîne aussi quelques casseroles lorsqu’on s’attarde sur les questions de vie privée et de sécurité. Des critiques qui reviennent régulièrement dans les discussions, notamment sur Reddit ou dans certains articles spécialisés.

🏢 Une propriété qui fait débat

Depuis 2016, Opera appartient à un consortium d’investisseurs chinois, avec Kunlun Tech comme actionnaire principal. Officiellement, Opera reste basé en Norvège, est coté au NASDAQ et affirme stocker les données de ses utilisateurs en Europe. Mais pour certains, cette proximité avec une société chinoise suffit à susciter la méfiance — notamment en raison des lois chinoises très strictes en matière de surveillance et de contrôle des données.

Pour autant, il n’existe aucune preuve d’espionnage ou d’ingérence à ce jour. Cependant, dans un contexte où la transparence est devenue un critère important pour de nombreux utilisateurs, la perception joue un rôle non négligeable.

Bâtiment de Kunlun avec les logos de GameArk, Opera et d’autres filiales, illustrant l’actionnariat chinois d’Opera

🕵️‍♂️ Un navigateur fermé

Contrairement à Firefox ou Brave, Opera GX n’est pas open source. Impossible donc de vérifier ce qu’il se passe sous le capot. Ce manque de transparence alimente les soupçons, même si c’est aussi le cas de navigateurs très populaires comme Chrome ou Edge.

📊 Une collecte de données qu’il faut désactiver

Dès l’installation, Opera GX vous propose plusieurs cases à cocher (ou à décocher, justement) si vous voulez limiter l’envoi de données. Parmi elles :

  • Aider à améliorer Opera en envoyant des données d’usage
  • Envoyer des rapports de plantage automatiquement
  • Autoriser des pubs personnalisées
  • Partager votre position générale
  • Personnaliser le contenu affiché dans le navigateur

Ces options ne sont pas activées de force, mais elles sont bien présentes et beaucoup d’utilisateurs n’y prêtent pas attention. Une fois décochées, le navigateur limite grandement sa collecte — mais encore faut-il le savoir.

🛡️ Un VPN… ou plutôt un proxy

Le « VPN » intégré d’Opera GX est souvent mis en avant, mais il faut être clair : il ne s’agit pas d’un vrai VPN. Il s’agit d’un proxy chiffré, qui ne protège que le trafic du navigateur, sans couvrir les autres applications. Il ne propose pas non plus de fonctions avancées comme un kill switch, ni de choix de protocole ou de pays précis.

Cela reste un outil pratique pour contourner certaines restrictions ou sécuriser un Wi-Fi public, mais pas suffisant pour un usage orienté confidentialité avancée. Pour cela, un vrai VPN reste indispensable.

Interface du VPN intégré d’Opera GX activé, affichant une adresse IP masquée et la mention "Votre navigation est sécurisée"

Et les autres navigateurs dans tout ça ?

Avant de jeter la pierre à Opera GX, il est bon de rappeler que les autres navigateurs grand public ne sont pas non plus irréprochables. Et certains, bien plus utilisés au quotidien, posent tout autant de questions côté confidentialité.

🌐 Chrome et Edge : des géants pas très discrets

Google Chrome reste le navigateur le plus populaire dans le monde… et aussi l’un des plus gourmands en données personnelles. Google vit de la publicité ciblée et cela se ressent jusque dans son navigateur. Même si Chrome propose régulièrement des mises à jour de sécurité, son modèle économique repose sur la collecte de données, avec un suivi constant de vos habitudes de navigation.

Microsoft Edge, de son côté, suit une trajectoire similaire. Basé lui aussi sur Chromium, il intègre désormais des fonctions pilotées par l’IA (comme Copilot), des outils d’analyse, des suggestions et même des modules de suivi liés à Bing. Là encore, la confidentialité n’est pas le premier argument de vente.

🦊 Firefox et 🦁 Brave : de meilleures options pour la vie privée

À l’inverse, des navigateurs comme Firefox (développé par la fondation Mozilla) ou Brave sont souvent cités comme des alternatives plus respectueuses de la vie privée.

  • Firefox est open source, désactive les traceurs par défaut et propose de nombreuses options de personnalisation.
  • Brave va plus loin avec un bloqueur intégré très strict, une option de navigation via Tor, et un modèle économique sans publicité ciblée (ou avec des pubs récompensées, mais désactivables).

Cependant, ils ne sont pas parfaits non plus. Brave, par exemple, est parfois critiqué pour son système de récompenses (BAT) qui introduit un modèle économique hybride pas toujours clair. Et Firefox, bien que transparent, est parfois jugé en retrait côté performances face aux navigateurs Chromium.

🔎 En clair…

Opera GX n’est pas le meilleur choix pour les défenseurs acharnés de la vie privée, mais il n’est pas non plus un cas isolé. Beaucoup de navigateurs grand public collectent des données et la plupart des utilisateurs n’activent jamais les options qui permettraient de les limiter.

Le vrai problème, ce ne sont pas forcément les navigateurs eux-mêmes, mais le manque d’information au moment de leur installation.

Opera GX : est-ce si grave que ça ?

Les critiques envers Opera GX ne sont pas toutes infondées. Mais pour autant, faut-il vraiment le qualifier de navigateur « le moins fiable du marché » comme le laisse entendre l’article de linternaute.com ? Clairement, la réponse mérite d’être un peu plus nuancée.

🇪🇺 Le navigateur reste soumis au RGPD

Opera GX est édité par une entreprise norvégienne, soumise au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Cela signifie que, comme n’importe quel service numérique proposé en Europe, il doit respecter des règles strictes en matière de transparence, de traitement des données et de consentement.

Autrement dit, Opera ne peut pas collecter tout ce qu’il veut, n’importe comment, sans vous informer. Et les quelques options activées par défaut à l’installation peuvent être désactivées, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs.

Page d’accueil d’Opera GX avec accès rapide à des sites populaires et jeux, comme Amazon, GX.games et DOOM

📉 Pas de scandale, pas de preuve d’abus

Contrairement à certains services ou applications ayant fait l’objet de fuites, d’enquêtes ou de scandales (coucou CCleaner, Zoom ou Avast), aucun fait concret ne vient appuyer l’idée qu’Opera GX espionne ses utilisateurs. Le doute existe, certes, mais il repose davantage sur une perception liée à son actionnariat que sur des preuves tangibles.

À noter également : le VPN intégré a été audité par Deloitte, un cabinet indépendant. Même si ce n’est qu’un proxy, c’est un point en faveur d’une certaine transparence.

🔎 Il existe bien pire

Le Web regorge de navigateurs marginaux ou exotiques, souvent proposés comme « rapides », « respectueux de la vie privée » ou « anonymes », sans aucune garantie sur ce qu’ils font réellement en arrière-plan. Beaucoup sont truffés de modules douteux ou d’options sans possibilité de contrôle.

Face à eux, Opera GX reste un produit stable, mis à jour régulièrement et qui ne cache pas sa politique de confidentialité — même si on peut critiquer la façon dont elles sont présentées à l’installation.

Conclusion

Opera GX n’est clairement pas le navigateur le plus transparent du marché, et certaines critiques sont légitimes. Son modèle propriétaire, son VPN limité et les options de collecte de données activées par défaut méritent d’être signalés. Mais de là à l’étiqueter comme « le moins fiable », c’est un raccourci un peu facile, surtout sans source précise à l’appui.

Comme souvent, le problème vient moins du logiciel lui-même que de la manière dont il est utilisé. Beaucoup d’options peuvent être désactivées dès l’installation, à condition de prendre le temps de fouiller un peu dans les réglages.

Alors non, Opera GX n’est sans doute pas le meilleur choix pour ceux qui veulent un navigateur axé sur la vie privée. Mais il fait le job pour sa cible : les gamers. Et tant qu’on est conscient de ses limites, il n’y a pas de quoi tirer la sonnette d’alarme.

Et puis bon… certains résistent encore et toujours à l’envahisseur publicitaire et continuent de naviguer tranquillement avec un vieux camarade à tête de renard 🦊. Comme quoi, il y a encore de la place pour la diversité dans le monde des navigateurs.


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