Opera ne se contente plus d’ajouter de l’IA dans ses produits : il la place désormais au cœur de toute l’expérience. Avec Neon, le navigateur norvégien change de dimension. Il ne s’agit plus simplement de rechercher, de lire ou de cliquer, mais de déléguer. Oui, déléguer des tâches entières à un agent IA intégré, capable de comprendre vos intentions, de remplir des formulaires, de réserver un voyage ou même de créer un site web, tout ça depuis une seule interface.
Neuf ans après un premier prototype expérimental, Opera ressuscite Neon dans une version totalement repensée. Et cette fois, on ne parle pas d’un simple concept, mais bien d’un navigateur complet, basé sur une approche agentique assumée, proposé en accès anticipé pour les plus curieux. Chat, Do, Make : ces trois mots résument l’ambition d’Opera Neon. Et autant dire que la promesse est ambitieuse.
Un navigateur agentique, c’est quoi exactement ?
Pour bien comprendre ce que propose Opera Neon, il faut d’abord faire un petit détour par ce qu’on appelle un agent IA. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle prend ici une ampleur inédite : il s’agit d’un logiciel autonome, capable de percevoir son environnement, prendre des décisions, et surtout, agir pour atteindre un objectif donné. En clair, Neon ne se contente pas de répondre à vos questions ou de vous suggérer des liens : il agit concrètement, dans le navigateur, à votre place.
Concrètement, Neon repose sur trois modules distincts, chacun dédié à une facette bien précise de l’assistance par IA :
- Chat, pour échanger avec un agent conversationnel intégré.
- Do, pour automatiser les actions sur le Web.
- Make, pour transformer vos idées en créations prêtes à l’emploi.
Et c’est justement cette combinaison qui fait toute la particularité de Neon. On n’est plus dans l’ajout d’un chatbot au navigateur, mais dans la création d’un véritable assistant numérique multitâche, capable de vous épauler dans vos tâches quotidiennes… voire de les prendre entièrement en charge.
Chat : l’IA qui comprend ce que vous lisez… et ce que vous voulez
Le module Chat d’Opera Neon, c’est bien plus qu’un simple chatbot collé dans un coin de votre navigateur. Il s’agit d’un agent conversationnel natif, totalement intégré à l’interface, qui suit ce que vous faites, ce que vous lisez et qui peut intervenir à tout moment pour vous donner un coup de main.
Vous consultez un article ? Il peut vous en faire un résumé.
Vous hésitez sur un mot, une info, une date ? Il cherche pour vous, en direct, sans changer d’onglet.
Vous avez besoin de rédiger un message, traduire un texte ou générer une image ? Il s’en charge aussi.
Et ce n’est pas juste un gadget. L’IA d’Opera Neon s’appuie sur plusieurs modèles puissants, selon la tâche demandée, et surtout, elle tient compte du contexte de la page que vous consultez. Ainsi, les réponses sont plus pertinentes, plus précises et souvent plus rapides que si vous deviez passer par un outil externe comme ChatGPT, Perplexity ou Gemini.
Ajoutez à ça des fonctionnalités bien pensées comme la gestion des onglets à la voix, le support multilingue ou encore l’analyse d’image à la volée… et vous obtenez un vrai copilote pour votre navigation, qui reste toujours accessible d’un simple clic ou d’une commande vocale.
Do : l’agent qui fait les choses à votre place
Avec Do, Opera Neon ne se contente plus de vous assister… il agit. Réellement. Ce module transforme votre navigateur en un opérateur intelligent, capable d’interagir avec les sites comme le ferait un humain : remplir un formulaire, réserver un vol, faire du shopping ou même planifier un voyage complet.
Ici, pas de clic simulé ou de capture d’écran trafiquée. Neon analyse la structure des pages web (DOM), comprend les éléments à remplir, les menus à dérouler, les champs à cocher… puis il s’exécute. Et tout cela localement, directement dans votre navigateur, sans passer par un serveur distant. Un choix important pour la confidentialité : vos données restent chez vous.
Autre point fort : vous gardez le contrôle. À tout moment, vous pouvez reprendre la main, valider une action ou corriger un détail. L’IA vous montre les étapes qu’elle effectue, comme un assistant transparent qui travaille sous vos yeux. C’est fluide, rapide et surtout, ça peut réellement faire gagner du temps.
Les démonstrations d’Opera sont parlantes : planification d’un séjour, réservation d’hôtel, achat de produits… tout s’enchaîne sans que l’utilisateur ne touche au clavier, sauf pour confirmer le paiement à la fin. Et même là, Opera travaille avec Visa pour aller plus loin dans l’automatisation, dans un cadre sécurisé.
Make : de l’idée à la création, sans lever le petit doigt
Avec Make, Opera Neon pousse l’agentic browsing dans ses retranchements. L’idée est simple : vous avez une idée, le navigateur s’occupe du reste. Littéralement.
Qu’il s’agisse de créer un site web, un jeu, un rapport complet ou même un outil interactif, Make se charge de tout. L’agent IA comprend votre demande, la découpe en sous-tâches, sélectionne les bons outils (génération de texte, d’images, de code, analyse de données…), puis les exécute, dans le cloud, via une machine virtuelle dédiée hébergée en Europe.
Et pendant ce temps-là ? Vous pouvez fermer le navigateur, vaquer à vos occupations… le boulot continue en arrière-plan.
Quelques cas d’usage proposés par Opera sont assez bluffants :
- Un site interactif pour comparer des assurances auto en Norvège.
- Un outil d’analyse boursière complet.
- Un plan de voyage détaillé, généré à partir de quelques mots-clés.
- Un jeu rétro de type Snake, prêt à être publié.
Tout ça, sans écrire une ligne de code ni ouvrir d’éditeur. Neon peut même gérer plusieurs créations en parallèle, en mode multitâche. Et si vous êtes curieux, vous pouvez consulter chaque étape du processus via une vue « replay » détaillée. Pratique pour comprendre ce que l’agent a fait… ou pour le reproduire.
Un navigateur autonome, mais pas sans limites
Forcément, une telle puissance suscite aussi des questions. Déléguer des tâches complexes à une IA, c’est tentant… mais jusqu’où peut-on lui faire confiance ? Et surtout, quelles données manipule-t-elle exactement ?
Opera assure que toutes les actions de Neon sont réalisées en local, du moins pour les modules Chat et Do. Cela signifie que les identifiants, cookies et données de navigation restent sur votre machine. L’agent n’a pas de passe-droit : il utilise les mêmes mécanismes que le remplissage automatique classique. Pour les créations via Make, le traitement s’effectue bien dans le cloud, mais sur des serveurs situés en Europe, dans une machine virtuelle dédiée à l’utilisateur.
Autre point important : le paiement automatique n’est pas encore entièrement délégué. Si l’IA peut remplir les champs, sélectionner les produits et même saisir les informations bancaires enregistrées dans le navigateur, la validation finale reste manuelle. Une précaution logique, et pour l’instant nécessaire, en attendant un éventuel cadre sécurisé comme celui que Visa développe avec Opera.
Enfin, Neon ne peut pas contourner les authentifications à deux facteurs. Si un service vous demande un code à usage unique ou une validation via une appli mobile, c’est toujours à vous de jouer. L’IA ne lit pas vos SMS, ne récupère pas vos tokens OTP, et c’est tant mieux.
Un navigateur nouvelle génération… réservé aux curieux (pour l’instant)
Avec Neon, Opera ne cherche pas à faire un simple coup de com’. Le navigateur est ambitieux, bien pensé et déjà fonctionnel. Il ne s’agit pas d’un prototype en version alpha, mais d’un véritable outil, conçu pour explorer ce que l’IA agentique peut apporter au quotidien.
Cela dit, Neon n’est pas encore disponible pour tout le monde. L’accès se fait via une liste d’attente et le navigateur sera proposé en version premium, par abonnement.
Reste à voir si ce pari sur l’automatisation raisonnée séduira au-delà des early adopters. Une chose est sûre : Opera prend de l’avance dans une course où les géants comme Google et OpenAI sont encore en train d’assembler leurs pièces. Et pour une boîte qui aime sortir des sentiers battus, c’est plutôt cohérent.
Source : Opera
